LA LAVANDE

Si ici le flanc des collines se drape d'une étoffe froissée par des cannelures bleutées, c'est que la lavande a volé le pourpre du soleil et le gris des reliefs. Disséminés dans ces paysages provençaux aux allures de jardin soigné, des hommes et des femmes œuvrent avec des gestes précis et avérés.
Au bout d'un chemin caillouteux ou à la croisée de traverses, ils révèlent les secrets de leur savoir-faire. Distilleries, fermes et jardins se font les théâtres de la connaissance où se joue le spectacle raffiné des saveurs et des senteurs. En empruntant “ les routes de la Lavande ”, vous irez à la rencontre d'une tradition qui depuis un siècle a forgé le visage de ce pays, a évolué avec l'ingéniosité humaine et se conjugue aujourd'hui avec une recherche scientifique de haut niveau. Vous comprendrez le sens d'une essence que jamais plus vous n'apprécierez comme avant.

De la fleur à l'essence

Derrière la magie de l'huile essentielle, se cache un long travail. Celui d'hommes et de femmes qui harmonisent leur temps sur celui de la nature. Une fois le duvet neigeux fondu ; ils binent la terre en la brisant afin d'atténuer les effets desséchants du soleil. La récolte a lieu pendant la floraison au milieu de l'été. la lavande possède elle aussi ses capricieuses exigences.
Autrefois réalisée à la faucille, la coupe est aujourd'hui mécanisée.Séchée et bien tassée, jadis piétinée, la “ paille ” est distillée.
Par un traditionnel processus d'alambic, la vapeur d'eau libère l'essence contenue dans les précieuses glandes sécrétrice. Puis, l'huile est recueillie dans l'essencier. Il faut compter 100 à 120 kg de paille (fleurs et tiges) pour obtenir 1 kg d'une essence jaune doré. « Culture et Cultures ».

Cultures et Cultures

Sur quatre départements, des contreforts du Vercors aux gorges du Verdon et du Buëch au Luberon, des producteurs, des distillateurs et des artisans entretiennent le patrimoine lavandicole. Vous pénétrez au cœur de la zone d'appellation d'origine essence de lavande de Haute-Provence.
Du printemps à l'automne, des expositions permanentes y déclinent la lavande, son histoire, sa botanique et l'évolution actuelle de cette culture. La période de la récolte donne lieu à des multiples fêtes et réjouissances colorées.

Un parfum d'histoire

Les vertus de la lavande sont connues dès l'Antiquité où ses fleurs parfument déjà l'eau des bains. Au Moyen Age ; on découvre son pouvoir désinfectant. Persuadé que les épidémies se propagent par l'odeur, on brûle d 'énormes quantités de fleurs dans les rues, comme dans les maisons.
Sous la Renaissance, avec la famille Médicis, se développe le commerce de son huile essentielle. Grasse voit éclore les premières boutiques des parfumeurs. Depuis, la plus provençale des fleurs se décline dans nombre de produits : de la tisane au miel pour sa saveur, en passant par l'irrésistible pain d'épices ou comme aromate dans la fine cuisine locale.

La lavande à travers l'histoire

Depuis la plus haute Antiquité, les hommes ont toujours consacré beaucoup d'argent aux parfums. La Haute-Provence n'est pas réputée pour sa richesse en la matière mais elle est naturellement dotée des senteurs les plus fines.
Ami visiteur, en sillonnant les journées lavande, vous êtes, sans le savoir vraiment, venu perpétuer le culte de cette belle petite fleur bleue des montagnes qui, du bleu au mauve, incarne à la fois la couleur du ciel et le sang de la terre.

Au XIIème siècle

la lavande était considérée comme une plante magique et faisait le bonheur des belles aristocrates qui cachaient des petits sachets dans leurs grandes armoires en noyer, entre draps et fines dentelles.
La lavande garantissait la pureté de leur linge.Outre ces aristocrates délicates, la lavande faisait le bonheur des pharmaciens du Dauphiné et du Lyonnais qui entreprenaient chaque année, au mois d'août, le long pèlerinage des vallées du Verdon, de l'Asse et du Plateau de Valensole, pour distiller sur place le lavandin et en extraire l'huile essentielle.

L'hiver venu un grand nombre de hauts provençaux quittaient leurs terres avec une grande boîte accrochée dans leur dos, pour aller colporter à travers tout le pays. Ils transportaient du fil, de la pacotille et quelques fioles d'extrait de lavande. Quelques uns d'entre eux allaient jusqu'en Hollande.
Plus ils étaient au Nord et plus la lavande apparaissait comme une potion magique. Ces hauts-provençaux n'hésitaient pas à gratifier l'extrait de toutes les vertus : antiseptique, antirhumatismal, on lui attribuait aussi des qualités pour les fumigations, pour les lavements, pour le mal de tête et certains colporteurs allaient même jusqu'à leur conférer des vertus aphrodisiaques.
Ce qui est indéniable c'est que l'arôme de lavande faisait rêver. Et, lorsque les populations éloignées du soleil reniflaient son parfum, un morceau de Provence entrait dans leur cœur.
Pas besoin de discours, le " produit " parlait de lui-même. Depuis cette époque, le temps a passé, la raison a pris le pas sur le magique, mais les grandes marques de produits de beauté flattent toujours cette plante de Haute-Provence.